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Artillerie Spéciale - du 81° RAL au 500° RAS
 
A la création de l'Artillerie Spéciale en 1916, tout était à inventer (matériels, structures des unités, techniques d'instruction et de combat).
 
Très rapidement, après la décision de lancer la fabrication du Schneider et du St Chamond, est venue la prospection des hommes.
Les premiers volontaires ont été regroupés dans des centres de formations automobiles de la zone des Armées à Chalons et Rupt.
Dans ces deux centres fut commencé le "débourrage" technique des volontaires avec les moyens du bord (camions et caterpillar Baby Holt)
 
En Août 1916 est créé à Marly le Roi, au Fort du Trou d'Enfer, la "première structure spécifique" de l'AS.  
Il s'agit de la 80° batterie du 81° Régiment d'Artillerie Lourde. Première unité administrative de l'Artillerie Spéciale.
 
Les chars étant des pièces d'artillerie, mises à la disposition de l'infanterie montant à l'assaut, c'est tout naturellement l'artillerie qui est devenue l'arme des chars.
Une unité support a été choisie, c'est le 81° RAL.
Basé à Versailles, avec son dépôt à Lodève, il était l'unité  support de formation nouvelles de l'artillerie tels que l'Artillerie Antiaérienne. Il devient aussi à partir de la fin 1916 le corps support de l'AS.
 
De cette date, et jusqu'en Mai 1918, date de création du 500° RAS, toutes les unités de l'AS sont nées dans la structure administrative du 81° RAL.  
Le JMO de l'AS 2, comme de bien d'autres, en porte encore la trace avec la mention en couverture de "81° RAL".
 
Au trou d'Enfer étaient rassemblés Officiers, Sous-Officiers et Hommes du Rang qui allaient composer les futurs Groupes de chars.  
L'instruction individuelle des personnels y était faite sur toutes les techniques, potentiellement utiles aux chars, et sur tous les matériels, au fur et à mesure de leur mise en service.
Le Trou d'Enfer ne disposait au départ que de tracteurs Caterpillar Holt, puis de chassis Schneider auto école, puis de Schneider et de St Chamond de rang.  
A l'apparition du FT 17, un certain nombre d'exemplaires ont aussi été rapidement mis en place à Marly.
Avec le nombre d'unités de chars à créer, les capacités de ce centre ont été très rapidement atteintes et la décision de créer un deuxième centre a été prise. Il s'agit du Centre de Cercottes (Près d'Orléans).
 
A Cercottes a été créé la 81° Batterie du 81° RAL, destinée, parallèlement à la 80° de Marly le Roi, à administrer les personnels dits "non instruits" et ceux détachés au cours automobile du TM 1402 d'Orléans.
 
Jusqu'en Mai 1918, la structure administrative de l'AS au sein du 81° RAL est donc :                                     - Dépôt 81° RAL          - Lodéve
 - 80° Batterie               - Marly le Roi
             - 81° Batterie               - Cercottes
 
Après le flou de l'été 1916, la chaîne de formation s'est mise en place. Les personnels étaient affectés à Marly, ils y recevaient une instruction technique individualisée.  
Dès que l'effectif d'un Groupe était atteint dans les différentes catégories de personnels, l'unité était créée :
              - son JMO était ouvert,
              - les personnels de  ce nouveau Groupe étaient envoyés à Cercottes ou ils percevaient les chars, véhicules et matériels associés de leur Groupe.
 
Avec les Schneider et les Saint Chamond, selon les périodes et les unités, cette nouvelle unité partait directement s'installer à Champlieu ou restait quelques temps poursuivre son instruction à Cercottes.  
En particulier le tir. Il ne semble pas que le tir au canon de char était pratiqué à Marly.
Il faut bien voir que le centre de Champlieu se montait en même temps qu'arrivaient les Groupes constitués de Cercottes.  
 
Dans ses deux phases de la formation des unités de chars (Marly et Cercottes), les personnels de l'AS étaient sous gestion de l'une ou de l'autre Batterie du 81° RAL.
Ces deux Batteries avaient nécessairement du personnel permanent et il est donc normal que des dossiers individuels ou des dossiers médicaux, voir des fiches de Mémoire des Hommes ne mentionne, pour certain,  que cette affectation.
Il est d'autres part évident que des affectés permanents à Cercottes ont pu, d'abord passer s'instruire à Marly et posséde des pièces qui mentionnent les deux Batteries.
Des structures de la taille de l'Artillerie d'assaut ont naturellement un effectif conséquent pour l'exécution des charges "non opérationnelles". C'est dans ce domaine que les archives pêchent. Il y a inévitablement des cuisiniers qui nourrissaient tout ce beau monde. De ces structures là, apparemment pas de traces.
 
La Création du 500° RAS a Cercottes est une conséquence indirecte de l'attaque allemande du 21 Mars 1918. Le repli de de la formation des unités de FT 17, commencée à Champlieu en Janvier 1918, est décidée le 25 Mars et mise en oeuvre immédiatement.  
Le PAOC, structure de formation des Régiments d'AS de Champlieu est alors envoyé à Cercottes et une troisième Batterie, la 82° est créé pour administrer le personnel de ce centre d'instruction venu de Champlieu et celui des Compagnies de FT 17 en cours de formation.
A Champlieu, seul le 1° BCL du Cdt Goubernard, unique Bataillon FT 17, formé avant le 21 Mars 1918, est resté sur place.
 
       A partir de Mai 1918, la structure administrative de l'AS est donc :
                      500° RAS qui de fait est souvent baptisé dans les JMO des Unités 500° RAA                      
                        - Dépôt du 500° RAS                        - Cercottes                    
  - 80° Batterie                                   - Marly le Roi
                        - 81° Batterie                                   - Cercottes
                        - 82° Batterie                                   - Cercottes
 
En tout logique les Batteries du 500° Régiment (80° - 81° - 82°) sont devenues des "Batteries d'AS" ou des "Batteries d'AA " comme, à l'époque du 81° RAL, les Batteries de ce Régiment (80° et 81°) devaient être citées comme Batterie d'Artillerie Lourde;
Il parait évident, et ce quelque soit leur fonction, que les membres de ces Batteries du 81° RAL appartenant à ce nouveau corps d'élite de l'AS devaient immanquablement dire, se présenter et écrire qu'ils appartenaient à des Batteries d'AS ou d'AA et non à l'Artillerie Lourde.  
Il y a probablement tout un non dit dans les écrits réglementaires qui peut transparaître dans les lettres, les récits et les documents réglemenataires qui reste maintenant à interpréter.  
 
L'organisation du 500° Régiment de Mai 1918 correspond à la période de formation des compagnies de FT 17.
                     A la 80° - Administration et Formation individuelle des personnels,
                     A la 81° - Poursuite de la formation individuelle des personnels. En particulier la formation automobile faite à Orléans au sein du TM 1402.
                     A la 82° - Formation des Compagnies FT 17 et des Bataillons FT 17 créés,
                                 - Gestion des personnels du Centre de Formation des FT 17.
 
A la mise en chantier de la formation des Régiment d'AS en FT 17, les trois derniers Groupes de Schneider qui étaient formés à Cercottes, mais ne possédaient pas de matériels, ont été dissous et leurs personnels ont basculés dans les FT 17. L'AS 18, l'AS 19 et l'AS 20 n'ont jamais exister en tant qu'unité de chars Schneider opérationnelle.
 
Le 500° Régiment de Cercottes se substitutant au 81° RAL de Lodève. Il devient le Dépôt de l'Artillerie Spéciale.
Cette décision est importante car avant la création du 500° Régiment, et comme pour toutes les unités de l'Armée françaises, les blessés, éclopés et convalescents retournaient au dépôt de l'unité avant leur retour en unité de combat. C'est ce dépôt qui réaffectait les personnels. Pour l'Artillerie Spéciale, personne n'ayant visiblement donné d'ordres particuliers, un bon nombre de personnels se trouvaient, à l'issu de leur passage au dépôt de Lodève, réaffectés dans des unités d'artillerie classique. Grosse perte en ligne pour les chars qui perdait des hommes formés à des techniques particulières.
Cela touchait principalement les Hommes du Rang, le suivi des Officiers et Sous-Officiers affectés à l'AS étant apparemment plus personnalisé.
 
Le Dépôt était le centre d'incorparation des nouveaux contingents mobilisés. Les personnels destinés à l'Artillerie Spéciale étaient donc incorporés et équipés :
                              par le 81° RAL jusqu'en Mai 1918.
                              puis par le 500° Régimentcà partir de Mai 1918.
 
Cette appartenance au 81° RAL explique les photos montrant des personnels de l'AS portant des soutaches du 81° Régiment d'Artillerie, et l'apparition de personnels portant des soutaches 500° RAS.
Dans ce domaine, ce qui complique tout, c'est qu'à la création de l'AS, personne n'a pris la décision de mettre tout le monde dans le même moule, et les Oficiers et Sous-Officiers venant des différents régiments d'autres Armes ont gardé les uniformes et soutaches de leurs armes d'origine.
 
Il faut donc regarder de très près les photos pour être affirmatif (et surtout les numériser dans des standards permettant d'analyser les détails).  
Il existe de jolis cas concrets avec personnels mélangés du 81, du 500 et d'autres régiments qui montrent bien des personnels de la même unité de char.  
Je ne m'étendrait pas ici sur ceux qui se sont fait faire des soutaches très personnelles simplement marquées AS . . . .  
 
Pour clore ce chapitre, ne pas oublier que sur certaines photos, les fantassins d'élites sont mélangés aux AS et qu'ils portent, eux, les soutaches de leur régiment. Il faut donc dater les photos avec certitude et les situer par rapport à des actions à venir, en cours ou futures, pour voir qu'elle était l'unité qui avait détaché des compagnies de "fantassins d'élite" auprès des chars.
 
Quelques appellations qui se retouvent dans les documents des unités d'AS :
 
Fantassin d'Elite  - Unité d'infanterie détachée auprès des Groupes de chars pour aider à un certain nombres de tâche. Lors des premiers combats, ces unités étaient trop souvent "récupérées au passage" dans la zone d'attaque. L'AS n'a pas su ou pas pu faire affecter de manière permanentes ces personnels. Ce qui s'est mise en place, c'est une désignation suffisamment longtemps avant l'action pour permettre une formation de ces fantassins à un métier spécifique. Selon les unités ou les combats, deux ou trois Hommes par char.
Les pertes de ces fantassins d'Elite sont au même niveau que celles des chars. L'osmose était semble-t-il bien faite. Un exemple parlant, au moins un des noms gravé sur la liste des morts de l'AS à Berry au Bac n'est pas celui d'un homme des chars mais celui d'un Fantassin d'Elite.
 
Dans le système d'appellation de l'Artillerie (et en comparaison avec l'Infanterie), pour les Unités de Schneider et de Saint Chamond :
                un Groupement est un Régiment            - il comprend 4 groupes de chars.
                un Groupe est un Bataillon                    - il comprend 3 Batteries (4 Batteries avant Décembre 1917).
                une Batterie est une Compagnie           - elle comprend 4 chars.
 
L'Artillerie Spéciale a dès le départ, en dépit du fait que ses personnels soient venus de toutes les Armes, utilisé des appellations de l'Artillerie.
Quand les Régiment ont été créés, c'est une logique d'appellation d'infanterie qui a prévalue, même s'ils étaient toujours "d'Artillerie" et que les compagnies de FT 17 ont continuée à s'appeller AS 301, AS 401. . . . .