LE VAUXHALL
Du temps de Louis XV l'anglomanie nous
donna les courses de chevaux, la franc-maçonnerie et les Vauxhall.
Ces derniers étaient des lieux de plaisir
à la fois cabaret, dancing et maison de tolérance. Le premier, le plus célèbre,
était le Vauxhall de Saint-Germain agrémenté d' « un sexe enchanteur, à la suite
duquel marchaient les grâces, les amours ».
Un deuxième dit Vauxhall « d'été »
s'ouvrit rue du temple pour concurrencer le Panthéon, rue de Chartres, dit Vauxhall d'hiver,
ouvert en 1786 il comportait une salle de danse ovale , deux rangs de gradins
avec galerie circulaires , colonnades , glaces , arabesques, petits salons et
jardins discrets.
Article sur les Vauxhall au XVIIIe
siècle.
LE VAUXHALL de Montmerle semble construit
vers 1787.
La Saône le détruit en 1799.
M. SAINT DIDIER, marchand de planches, le reconstruisit et le fit fonctionner jusqu'en septembre 1825 et il le revend à un certain MAGNIN l’Ainé, musicien, qui mérite quelques lignes :
Fils d'un menuisier, né en 1794, il fut
modestement instruit par un curé réfractaire, il fut placé à TREVOUX chez un
Maître de musique qui lui a apprit la grosse caisse, la trompette, le violon.
En 1812, il fut incorporé au 105e de ligne, traversa l'Italie du nord, la
Dalmatie.
En 1815 il était à ST GERMAIN en CHAMPSAUR
Hautes Alpes et vit passer l'Empereur. Revenu au pays, il se maria.
Il eut 7 enfants, l'un mourut à 10 ans,
l'autre à 20 ans.
Sa femme, Louise BURDIAT, pour 80 ou 100 F par an formait des apprenties
couturières.
Lui il allait de mariage en mariage comme musicien ambulant. En 1826 il se fixe
au Vauxhall, en continuant à faire les noces à 5 lieues à la ronde pour amortir
les 600 louis que lui coûtait son acquisition : le Vauxhall et les deux maisons
qui y donnaient accès.
En Novembre 1840 la Saône emporta tout :
en six mois, maçons et charpentiers ont reconstruit le Vauxhall et les immeubles
attenants (ils burent aussi douze pièces de vins....)
Extrait de l'Histoire de Montmerle par l'abbé GUYOUX : L’automne de
1840 fut en général humide et pluvieux. Ce fut surtout vers le 20 octobre que
les pluies redoublèrent avec une intensité vraiment alarmante.
Du 20 octobre au 6 novembre il tomba à Montmerle environ 0,30 m d'eau. La terre,
déjà saturée, la rendait presque toute. Des pluies torrentielles et soutenues ne
discontinuèrent le 28 et le 29 octobre.
Monsieur le curé de saint Georges était venu me voir le 28. À son retour, arrivé
à mi-chemin, il fut effrayé de voir une partie considérable de la route envahie
par le débordement de la Vauxonne. Il n'osa y engager sa voiture et crut prudent
de revenir passer par Montmerle pour se rendre chez lui par la route de
Belleville.
Dès le lendemain, la Saône commença à grossir avec une rapidité dont les anciens
n'avaient pas souvenance.
Le jour de la Toussaint la crue reprit avec une recrudescence qui commença à
jeter l'alarme de partout. Elle envahissait les maisons et commençait à
atteindre les murs en pisé (terre battue) au dessus des fondations en pierre,
qui cependant étaient au-dessus des plus hautes eaux connues.
Le 2 novembre quelques corps de bâtiment commencèrent à tomber et le 3, à chaque
instant, un bruit semblable à celui d'une grosse vague qui vient se briser
contre un rocher, se faisait entendre, on regardait et l'on n’apercevait plus
qu'un tourbillon de poussière qui ne tardait pas à s'affaisser dans les eaux.
C'était une maison qui venait de s'écrouler. C'est ainsi qu'en 48 heures,
disparurent les maisons et tous les bâtiments de la
rue de la Foire et de la rue de
Lurcy, de la petite place et tous les quais, à part quelques-uns uns qui étaient
en pierre ou fondés sur pierre. (intégralité
histoire de Montmerle)
A l'époque, la rue de Pont n'existait pas
encore seul existait le passage, toujours utilisé aujourd'hui entre le 19 et le
21 rue de Mâcon, de sorte que le Vauxhall s'étendait d'un côté, le long du petit
chemin et de l'autre le long d'un jardin bordés de maisons.
Plan Napoléonien : Le Pont (1834) et la rue du Pont n'existaient pas.
L'entrée du petit chemin coté rue de Macon (ex rue de la Foire) était à l'emplacement du portail en bois gris. Les entrées du 17 et du 19 sont les portes surmontées d'un triangle. Entrée du petit chemin coté quai de Saône. |
Pour accéder au Vauxhall, les clients
entraient par le 19 dans une pièce où était perçu le droit d'entrée de 1 franc à
2,50 F selon les heures et les jours et selon qu'on était seul ou accompagné
d'une cavalière ; on pénétrait ensuite dans une seconde pièce , ou l'on vous
servait gratuitement de la limonade avant d'entrer enfin dans la grande salle de
danse.
Celle-ci comportait une estrade pour les huit musiciens, des bancs couraient le
long des murs, des voiles de mousseline multicolores tapissaient les murs et des
pots de fleurs égayaient la charpente apparente.
Dans un coin s'ouvrait la porte de la cave
située au fond du jardin ; la salle était éclairée par des chandelles et une
porte s'ouvrait sur la ruelle qui menait en Saône et servait de «toilettes».
Le Vauxhall et la foire de Montmerle
Les bals et les banquets se succédèrent
jusqu'en 1858 (12/02/1858) ou Louis MAGNIN mourut, laissant le Vauxhall à sa fille
Olympe mariée
(Montmerle
le 19/08/1851) à un instituteur,
François
COTTO.
Les bals et les banquets continuèrent avec un orchestre, puis vers la fin du
siècle avec un piano mécanique.
François COTTO mourut en 1868 laissant une fille
Claudia qui épousa Benoit Alexandre
GUILLON.
Elle hérita en 1898 du Vauxhall et de la
maison attenante (17 -19 rue de Mâcon).
Recensement Montmerle 1906 - Bicêtre -
Olympe Claudia GUILLON née le 18 octobre 1889 à Montmerle sur Saône, mariée
le 4 février 1929 à Montmerle sur Saône avec Benoît GUILLON (1901-1998), décédée
le 24 juin 1952 à Montmerle sur Saône.
En
1919 Claudia COTTO vend le Vauxhall à Benoit PONCET qui le revendit en 1924 à
son voisin Mr Henri RACLET qui venait d'acheter la maison au 12 rue du pont à Mr
P CHARRIN (l'actuel hôtel EMILE JOB). Celui-ci par l'entreprise RAFFOUR de Saint
Georges remblaya le coté ouest de la maison CHARRIN pour faire la terrasse
actuelle, raccourcit le fond du Vauxhall pour faire deux remises et rehaussa le
sol de la salle pour la mettre davantage à l'abri de la Saône.
Recensement Montmerle 1926 - Rue du Pont -
Philibert Marius Henri RACLET né à Lyon 6e le 27/10/1892 fils de Jean Marie
négociant en vins âgé de 30 ans et de Marie Antoinette Henriette BRUN
institutrice âgée de 27 ans.
La famille résidait au 58 rue Garibaldi.
Philibert Marius Henri RACLET s'est marié le 25/01/1930 à Saint Germain sur
l'Arbresle avec Marguerite Pauline FAVRE; il décède le 14/10/1970.
Recensement Montmerle 1936 - Rue du Pont -
Guimpe : Morceau de toile dont les religieuses se servent pour se couvrir le cou
et la poitrine; petite chemisette brodée, en étoffe légère, que portent les
femmes et qui dépasse la robe et monte jusqu’au cou.
Cimetière de Lancié Emplacement : N --0245
Rapidement les bals disparurent avec la
construction de la salle des fêtes, et firent place à un atelier de
passementerie qui ne survécut pas non plus à la guerre.
Le Vauxhall devient semi cave semi grenier.
Emile JOB, en 1979 transforma la maison
RACLET en Hôtel restaurant, et le Vauxhall en salle de banquet, réunion, salle
de danse, à l'occasion, avec le limonaire très apprécié ayant appartenu à
Joséphine BAKER.
Source : site internet de l'Hôtel Restaurant Emile JOB.
Plus récemment les 17 -19 rue de Mâcon revinrent jouxter le Vauxhall, comme
autrefois, et le petit chemin.
La
Rue du Pont en 1911 (intégralité)
Notes :
- N° 1 :
Antoine TOURNASSOUD et Françoise DURAND sont les parents du Commandant
Photographe
Jean Baptiste TOURNASSOUD grand père de Mick MICHEYL (Paulette
MICHEY).
- N° 12 : Jean Baptiste MONTANGE décédé le 24/04/1916 à Lunéville (voir
page consacrée à ce soldat).
Son père a été notaire à Montmerle de 1882 à 1915.
La Rue
de la Foire en 1911 (partie)
Eugénie COTTO née le 30/04/1849 à
Montmerle fille de Antoine 33 ans cerclier de profession et de Anne SEIGNERET
(témoin François COTTO instituteur).
Jeanne COTTO née le 13/12/1863 à Montmerle fille de Antoine
47 ans tonnelier de profession et de Anne SEIGNERET.
Jeanne et Eugénie avaient peut être un lien de parenté avec Claudia mais dans ce
cas éloigné car Antoine (père de Jeanne et Eugénie) et François COTTO (père de
Claudia) n'étaient pas frères.