Saint Cyr sur Menthon
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MANIGAND Pierre


Ses origines


Pierre MANIGAND est né le 27/04/1889 à Saint Cyr sur Menthon au Dechamp.
Son père Antoine avait 43 ans et était cultivateur.
Sa mère Marie Louise Anaïs VELON avait 41 ans.


 

Signalement

Le service des armées ne prenait pas de photos des militaires au moment du service militaire mais notait une description de chaque homme.
Pierre MANIGAND mesurait 1.71 m; il avait les cheveux brun et les yeux noir.
Au niveau instruction générale il est classé 3 : sait lire écrire et compter.
 

Sa vie avant la guerre
 



Recensement Saint Cyr sur Menthon 1901 - Dechamp -

 - Julie Stéphanie née le 9/09/1887 au Dechamp; mariée le 11/06/1912 à Saint Cyr avec Jean Marie FERRAND; remariée à Saint Cyr le 14/05/1920 avec Victor André Clément BUATHIER; décédée à Saint Cyr le 10/03/1963.


Au moment du conseil de révision Pierre MANIGAND exerçait le métier de cultivateur.
Il est incorporé au 133e RI à compter du 1/10/1910.
Il est libéré le 25/09/1912.
En novembre 1912 il est chez MONTERNOT à Belleville (Rhône) puis en novembre 1913 il est à Odenas chez CHAMPIER au hameau de Jacquet.
 

La guerre

Pierre MANIGAND est mobilisé le 2/08/1914 au 133e RI (6e compagnie).
Il est tué lors des combats du 9 et 10/08/1914 à Cernay.
Son décès sera fixé au 9/08/1914 par le tribunal de Villefranche le 5/10/1920.
Il est inhumé au cimetière militaire de Cernay (Alsace) tombe 405.
Il a été transféré à la nécropole nationale de Cernay (68 - Haut-Rhin) tombe Carré 14/18 Numéro 118.

Source : gallica.bnf.fr
Le lendemain, 8 août, alors que le 23e R. I. marchait sur Mulhouse et le 1 5e chasseurs sur Remingen, le 133e se dirigea sur Cernay, petite ville bâtie dans la plaine, sur la rive gauche de la Thur, au pied des derniers contreforts des Vosges. L'ennemi faisait le vide devant nous et le régiment arriva à Cernay, sans coup férir, vers 17 heures. Il entra musique en tête, et les honneurs au drapeau furent rendus sur la place. Il y avait foule pour voir le défilé, mais une foule silencieuse dont la froideur contrastait avec la chaleur de l'accueil fait à Thann. N'ayant pas vécu, comme ces habitants, quarante-quatre ans sous le régime de la terreur instauré par la Prusse, nos soldats comprenaient mal cette réserve timorée. Quand ils durent battre en retraite, laissant l'Alsace en butte aux représailles, ils en comprirent mieux les raisons. Quelques habitants nous disaient du reste leur crainte de nous voir tomber dans l'embuscade que les Boches devaient nous tendre dans la plaine de Mulhouse.
Les 6e et 7e compagnies allèrent prendre les avant-postes à Uffholz et une section de la 5 e fut détachée au pont d'Aspach pour assurer la liaison avec les troupes de droite. Nous nous établîmes solidement à l'entrée du village pour parer à toute surprise. Les officiers se couchèrent au milieu des hommes, tout équipés.

Le lendemain, 9 août, la matinée se passa sans incidents. Des patrouilles d'éclaireurs à cheval avaient seulement signalé l'apparition des cavaliers ennemis sur les crêtes en arrière de Wattwiller.
C'était dimanche. Vers 11 heures, au moment où la population, sortant des offices, emplissait les rues, un 77 siffla sur la ville et y éclata. En même temps on percevait, dans la direction d'Uffholz, des crépitements de mitrailleuses.

Nos avant-postes étaient assaillis par des forces très considérables comprenant quatre régiments de troupes actives venus dans la nuit de Strasbourg par voie ferrée et débarqués à quelques kilomètres de Çernay. La cavalerie ennemie débouchait de Wattwiller, tandis que l'infanterie s'avançait entre les routes de Soultz et de Colmar.
Alerté, le régiment prit ses positions de combat et se déploya en arc, en avant de Cernay. Tandis que les 6e et 7e compagnies tenaient toujours à Uffholz, des éléments du Ier bataillon s'installèrent à leur gauche, à Steinbach. Le 3e bataillon resta à Cernay, occupant la gare au sud et la fabrique Schwarz au nord du village, s'appuyant à droite sur la Thur. Le reste du régiment (2e, 3e, 4e et 5e compagnies) alla s'établir au nord -ouest de Cernay, en arrière du ravin de Steinbach, sur des pentes couvertes de vignes (cote 425) et se mit à ébaucher des tranchées. Le combat était engagé et il fut de suite très violent. Les Allemands se faufilaient dans les champs et leurs uniformes se confondaient avec la couleur du blé. Ils avançaient par bonds de tirailleurs et bientôt l'on reconnut, à l'accent guttural, leurs cris de commandement. A 12 heures, l'ennemi avait ouvert le feu sur Uffholz et allait y porter son principal effort. Les deux compagnies qui tenaient le village résistèrent héroïquement, ne cédant le terrain que pas à pas, tirant sans cesse, utilisant la moindre haie ou le plus petit talus. Elles infligèrent de fortes pertes à l'ennemi, mais dans ses rangs les vides étaient comblés aussitôt faits. Le lieutenant Glénat de la 7e compagnie, recevant l'ordre de se replier, fit répondre : « La section Glénat meurt, mais ne recule pas. » Parole de paladin, mais parole tenue! D'un seul coup les soldats du 133e étaient entrés dans l'héroïsme. L'épopée de gloire était commencée. Effectivement, le lieutenant Glénat tomba mortellement blessé à l'endroit où il avait tenu jusqu'au bout.

Dans la plaine, le combat était général. La bataille faisait rage du côté de Mulhouse, où étaient engagées les autres troupes de la brigade; de toutes parts, des maisons en flammes, s'élevaient d'épais nuages de fumée.
Vers 14 heures, l'ennemi parvint à prendre pied dans Uffholz, submergeant par le nombre les défenseurs qui avaient pourtant tenu trois heures. Le 3e bataillon, qui jusque là n'avait pas eu à subir un choc bien violent, se trouva de ce fait découvert sur sa gauche. L'ennemi devint alors plus pressant. Attaqué de front, de flanc, et recevant dans le dos des coups de feu tirés par les Boches en civil restés à Cernay, le bataillon, malgré sa résistance pied à pied, dut reculer en arrière de la ville. Il s'établit à la fabrique Witz et sur les pentes de la hauteur 375 au sud de Steinbach.

Ce repli avait permis aux Allemands de faire avancer leurs pièces à la lisière du village. Bien défilée, derrière un réseau d'arbres, de nos 75, qui, ne pouvant prendre position sur les hauteurs, furent obligés de se replier sur Vieux-Thann, l'artillerie allemande prit d'écharpe les compagnies avancées du Ier bataillon et les contraignit à évacuer Steinbach, pour reculer plus au Sud sur la ligne tenue par les 2e et 3e compagnies Mais au moment où la Ire ligne allemande abordait la crête qui descend de Steinbach à Cernay, et allait atteindre le calvaire, elle fut prise sous le feu violent de la section de mitrailleuses du Ier bataillon (lieutenant Combe), embusquée à courte distance. Une compagnie de chez nous qui se repliait fit immédiatement demi-tour et rejeta à la baïonnette les Boches surpris. Maîtres de Steinbach, les Allemands s'étaient infiltrés dans les bois au nord, cherchant visiblement à tourner notre gauche.

Par ailleurs, ses mitrailleuses, installées maintenant à Steinbach et sur la crête Steinbach-Cernay, arrosaient, dru comme grêle, les pentes couvertes de vignes où le gros du régiment avait ébauché des tranchées pour tireurs à genoux. Mais malgré les pertes dues à la couleur vo/ante de leurs pantalons rouges, cibles trop faciles pour les Allemands dont elles-mêmes distinguaient mal les « feldgrauen », nos soldats tenaient toujours sur les positions du matin que l'ennemi n'avait pu entamer.
Vers 16 heures, par suite des progrès de l'adversaire sur la gauche, ils durent s'établir sur une crête plus au Sud. A 18 heures 30 ils y repoussaient encore une attaque générale. Anxieusement, nos hommes regardaient la trouée du chemin de fer reliant en droite ligne Cernay à Mulhouse, à travers la forêt de Nonenbruck. On espérait confusément voir déboucher par là le 23e ou d'autres éléments de la division. Vers 19 heures 30, pris en enfilade par des mitrailleuses et devant la menace d'enveloppement de l'ennemi dont, presque derrière soi, on entendait les clairons sonner, lugubres, l'assaut dans le ravin de Steinbach, le régiment dut suivre le mouvement de retraite de la brigade et se retirer. Il se rapprocha, en combattant, de Vieux-Thann où la nuit le trouva. Épuisés par le combat, nos soldats barricadèrent l'entrée du village, et, après s'être jetés sur les fontaines afin de se désaltérer, s'étendirent pour dormir le long des murs et de chaque côté des rues.